Céline Burnand. Retour à Helwan – La Maison des vivants

2021 | Photoforum Pasquart, Biel

Céline Burnand’s artistic practice is inspired by her training in visual arts as well as in visual anthropology and literature. Her works frequently stage an investigation, and tend to reconstitute or re-enact an existing visual representations. Her research was initially inspired by the fate and work of Aby Warburg, “a German intellectual who revolutionised the aesthetic approach to art history in his search for a ‘diagnosis’ of Western man struggling to heal his contradictions.” He spent five years in a private clinic due to psychosis, and created two unfinished projects, the Mnemosyne Atlas, “some forty screens of black canvas on which are fixed thousands of photographs on iconographic subjects of his research”, and his immense library “where the works are ordered by the principle of the ‘good neighbour’ by which the solution to the problem must be found not in the book one is looking for, but in the one next to it.”

In this same logic of questioning a Western, Cartesian, Christian and neo-colonial heritage, Céline Burnand questions her family archives and visual heritage. She has also been following since 2013 the figure of the snake in several socio-cultural contexts (the religious ceremony of San Domenico in Abruzzo (Italy) or within the Sufi festival of Rifa’i in Egypt), focusing on the subversive power of this symbol in the restoration of the relationship with the other, notably through collaborative practices.

The starting point of this exhibition is the photographic archive of her great-grandfather René Burnand (1882-1960). A Swiss writer and physician, a tuberculosis specialist and director of the Leysin sanatorium, he responded to the call of the Egyptian King Fouad I, who was looking for a candidate to run a hospital for tuberculosis patients. From 1926 to 1929, he directed the rehabilitation and operation of a sanatorium in Helwan (south of Cairo). His personal archive includes 700 photographs and several books on this episode of his life.

In the exhibition, René Burnand’s archives are presented in dialogue with photographic and video images produced by Céline Burnand, often in collaboration with Egyptian friends or descendants of Burnand’s collaborators. She returns to the site of the sanatorium, now in ruins and in the hands of a local mafia, and films dancers, actors and extras in a contemporary and fictional reinterpretation of the history of the hospital and its legacy.

By taking studio portraits of her friends and acquaintances, she explores the historical codes of Western photographic portraiture and their implications for the representation of Egyptian people and their identity. The exhibition thus confronts, without seeking a final resolution, themes such as collective and family history, and the relationship between medicine, colonial heritage and visual culture.

La pratique artistique de Céline Burnand s’inspire de sa formation en arts plastiques aussi bien qu’en anthropologie visuelle et en littérature. Fréquemment, ses œuvres mettent en scène une enquête, et tendent à la reconstitution ou au reenactement (remise en scène) d’une représentation visuelle existante. A l’origine, ses recherches s’inspirent du destin et de l’œuvre d’Aby Warburg, « un intellectuel allemand qui révolutionna l’approche esthétique de l’histoire de l’art dans sa recherche d’un «diagnostic» de l’homme occidental en lutte pour guérir de ses contradictions. » Il passa cinq ans dans une clinique privée pour cause de psychose, et créa deux projets inachevés, l’Atlas mnémosyne, « une quarantaine d’écrans de toile noire où sont fixées des milliers de photographies sur des sujets iconographiques de sa recherche », et son immense bibliothèque « où les ouvrages sont ordonnés par le principe du «bon voisin» par lequel la solution au problème doit se trouver non dans le livre qu’on cherche, mais dans celui qui est à côté. » [1]

Dans cette même logique de remise en question d’un héritage occidental, cartésien, chrétien et néocolonial, Céline Burnand questionne ses archives familiale et héritages visuels d’un côté, et de l’autre suit depuis 2013 la figure du serpent dans plusieurs contextes socio-culturels (la cérémonie religieuse de San Domenico dans les Abruzzes (Italie) ou au sein du festival soufi des Rifa’i en Égypte), s’intéressant au pouvoir subversif de ce symbole dans la restauration de la relation à l’autre, notamment à travers des pratiques collaboratives.

Le point de départ de cette exposition est l’archive photographique de son arrière-grand-père René Burnand (1882-1960). Écrivain et médecin suisse, spécialiste de la tuberculose et directeur du sanatorium de Leysin, il répondit à l’appel du roi égyptien Fouad Ier, qui cherchait un candidat pour diriger un hôpital pour les malades de la tuberculose. De 1926 à 1929, il dirigea la réhabilitation et le fonctionnement d’un sanatorium à Helwan (au sud du Caire). Ses archives personnelles comprennent 700 clichés et plusieurs livres retraçant cet épisode de sa vie.

Dans l’exposition, les archives de René Burnand dialoguent avec les images photographiques et vidéos, produites par Céline Burnand, souvent en collaboration avec des amis égyptiens ou les descendants des collaborateurs de René Burnand. Elle revient sur le site du sanatorium, aujourd’hui en ruine et aux mains d’une mafia locale, et y filme des danseuses et des acteurs et figurants dans une réinterprétation contemporaine et fictionnelle de l’histoire de l’hôpital et de son héritage.

En réalisant en studio des portraits de ses amis et connaissances, elle explore les codes historiques du portrait photographique occidental, et leurs implications dans la représentation des personnes égyptiennes et de leur identité. L’exposition se confronte ainsi, sans chercher de résolution finale des thématiques telles que l’histoire collective et familiale, et les relations entre la médecine, l’héritage colonial et la culture visuelle.

[1] Eduardo Mahieu, La guérison infinie, de Ludwig Binswanger et Aby Warburg, in L’information psychiatrique, 2007/4 (Volume 83), pages 316 à 318

Exhibition views by Aline Bovard Rudaz