2024 | Centre de la photographie Genève
Curated with Claus Gunti
With Akosua Viktoria Adu-Sanyah, Jessica Backhaus, Emma Bedos, Mathieu Bernard-Reymond, Sara De Brito Faustino, Charlie Engman, Alina Frieske, Peter Hauser, Moritz Jekat, Leigh Merrill, Taiyo Onorato & Nico Krebs, Martin Widmer.
Intimacy is a concept that is often difficult to define, intangible and elusive. It can be found in a childhood memory, in the interior of one’s home or neighbourhood, in the gestures exchanged with loved ones, but also in the familiarity with an image, or in the attachment to an object, a material or a texture. Without directly showing situations that are immediately identifiable as intimate, how can photography express a relationship with this feeling, its fleeting and impalpable nature? How can it portray the relationship with memory, which is inevitably fallible, the often complex and changing links with loved ones, or the relationship with a home whose familiarity can turn strange at any moment?
While fabricated or manipulated images are often associated with the misappropriation of public opinion or the representation of fictional universes, they are here explored for their potential to reveal our subjectivity and our relationship with reality. How can we recount our memories, express our connection to loved ones, or make our sensibilities tangible? Through elaborate processes of image manipulation, the artists in this exhibition make visible, capture or fix a form of intimacy, from the most personal expression of an emotion to the automated interpretation of human relationships by a machine. Whether made with coloured paper, generated by artificial intelligence, created entirely in the photographic laboratory or the result of meticulous photomontage, the images brought together for this exhibition reflect their au- thor’s tenacious experimentation, conveying emotions that are sometimes frivolous, sometimes profound. Their explicitly fabricated nature–without any hierarchy being drawn here between cut-out paper and the most sophisticated image-generating tools – highlights the sometimes strange dimension of what is most familiar to us. Through their exploratory processes and complex architecture, the artists reveal the complex mechanisms by which we apprehend the world, bearing subtle and delicate witness to the manifestation of our individual subjectivities.
L’intime est une notion souvent difficile à définir, intangible et insaisissable. Il peut se situer dans un souvenir d’enfance, à l’intérieur de sa maison ou de son quartier, dans les gestes échangés avec ses proches, dans la familiarité d’une image, ou encore dans l’attachement à un objet, à une matière, ou à une texture.
Sans montrer directement des situations immédiatement identifiables comme intimes, comment la photographie peut-elle exprimer un rapport à ce senti- ment, son caractère fugace et impalpable? Comment peut-elle mettre en image les rapports à la mémoire, forcément faillible, les liens souvent complexes et changeants aux personnes chères, ou encore la relation à un chez-soi dont la familiarité peut tourner à l’étrange à tout moment? Si l’image fabriquée ou manipulée est souvent associée au détournement de l’opinion publique ou à la représentation d’univers fictionnels, elle est ici explorée pour son potentiel à révéler notre subjectivité, notre rapport aux choses. Comment pouvons-nous raconter nos souvenirs, traduire le lien à des êtres aimés ou rendre tangible notre sensibilité?
Par des processus élaborés de manipulation d’image, les artistes réuni·es dans cette exposition permettent de rendre visible, de saisir ou de fixer une forme d’intimité, de l’expression la plus personnelle d’une émotion à l’interprétation machinique des rapports humains. Qu’elles soient fabriquées à l’aide de papiers colorés, générées par intelligence artificielle, créées entièrement dans le laboratoire photographique ou résultant d’un photomontage minutieux, les images réunies pour cette exposition traduisent l’expérimen- tation opiniâtre de leur auteur, traduisant des émotions tant frivoles qu’écrasantes. Leur caractère explicitement fabriqué — sans qu’une hiérarchie ne soit faite ici entre le papier découpé et les outils les plus sophistiqués de génération d’images — met en avant la dimension parfois étrange de ce qui nous est le plus familier. Par leurs processus exploratoires, leur architecture complexe, les artistes rendent sensible les mécanismes complexes d’appréhension du monde, témoignant de manière subtile et délicate de la manifestation de nos subjectivités individuelles.
Exhibition views by Annik Wetter